Incontinence anale post-obstétricale: réparation sphinctérienne chez 2 patientes avec un bon résultat

Docteur Abdelmajid Mselmi, chirurgien, professeur agrégé

 Sousse (Tunisie)

 dr.mselmi@gmail.com

incontinence anale :Cas cliniques

–          1er cas clinique : femme âgée de 43 ans ayant eu 6 accouchements par voie basse dont le dernier remonte à 3ans et  était dystocique. Elle présente une incontinence anale totale depuis quelques mois après l’accouchement. A l’examen, incontinence anale au repos et à l’effort, disparition de la cloison recto vaginale, le vagin est très distendu et flasque. On l’a opérée par voie périnéale, on a reconstitué la cloison recto vaginale par la suture des muscles releveurs de l’anus, on a réalisé  une suture du sphincter externe et on a pratiqué une plastie du vagin. La patiente n’a pas nécessité de colostomie, l’évolution était favorable et la patiente a repris une continence normale. Le vagin a repris un volume convenable

–         2éme cas clinique : patiente âgée de 33 ans ayant eu 4 accouchement. Le dernier remonte à un an, il était dystocique et s’est soldée d’une incontinence anale totale avec un vagin très distendu et flasque. L’écho endoscopie a montré une rupture du sphincter externe sur un rayon de 70°. L’intervention a nécessité une colostomie sigmoidienne sur baguette, nous avons réalisé par voie périnéale une reconstruction de la cloison recto vaginale par suture des muscles releveurs de l’anus, une plastie du vagin et une suture du sphincter externe. La colostomie a été fermée au bout de 3 mois après une écho endoscopie qui a montré un sphincter externe reconstitué. Résultat excellent avec reprise  d’une continence anale optimale et un vagin étroit et tonique

I- Définition

On peut définir l’incontinence anale (IA) comme une condition dans laquelle la perte involontaire de gaz et/ou des selles constitue pour la personne un problème social ou d’hygiène

La conséquence la plus grave de l’IA c’est le retentissement sur la vie courante du patient qui ne peut pas aller chez des amis faire des réunions, les patients ont un sentiment de honte et parfois sont atteints de dépression nerveuse.

II- Classification

On distingue 2 types d’incontinence anale :

–         IA active : c’est une incontinence par impériosité, le patient a une sensation de besoin irrépressible, elle est due souvent à une lésion du sphincter externe

–         IA passive : l’accident de l’incontinence est perçue après sa survenue (à posteriori), elle est souvent due à une lésion du sphincter interne

Les 2 sphincters peuvent être atteintes

III- Étiologies

On distingue 2 grandes classes d’IA : celles d’origine périnéale et celles avec périnée normal

A-IA d’origine périnéale :

–         la cause la plus fréquente est l’accouchement par voie basse. Le sphincter peut être lésée de 2 façons : soit par l’accouchement dystocique lui-même qui entraîne une dilacération et parfois même une rupture sphinctérienne ou lors de l’épisiotomie quand l’incision dépasse le vagin et coupe le sphincter anal

–         la chirurgie proctologique : cure d’hémorroïdes ou de fistule anale ou de fissure anale

–         lésions neurologiques qui touchent l’appareil sphinctérien

–         lésion du rectum : microrectie par maladie inflammatoire ou radiothérapie ou chirurgie du rectum

B-  IA avec périnée normal

–         diarrhées chroniques

–         maladies neurologiques

–         tétraplégie et paraplégie d’origine traumatiques

IV- Diagnostic positif

1- interrogatoire

–         l’interrogatoire permet le diagnostic positif : est ce que le patient a des fuites involontaires de selles ou de gaz

–         déterminer s’il s’agit d’une IA active ou passive

–         diagnostic de gravité : analyses des symptômes : il y’a des  scores qui permettent de mesurer la gravité de l’IA

–         étudier le retentissement sur la qualité de vie

2- examen clinique proctologique et général

3- examens complémentaires

 Plusieurs examens peuvent être réalisés : manométrie, échographie endorectale (endosonographie anale) défécographie, imagerie par résonance magnétique (IRM)

V- Traitement

Il existe 2 méthodes : la rééducation périnéale mais surtout la chirurgie

A-       La rééducation périnéale : permet de traiter certaines formes d’incontinence

B-        La chirurgie :

Les techniques dont on dispose sont les suivantes :

–         réparation sphinctérienne directe : réalisée quand il y’a une rupture sphinctérienne par traumatisme obstétrical ou chirurgical (chirurgie de la fistule périnéale..) ou traumatisme par agression ou accident de circulation, ces techniques permettent de bon résultats

–         myorraphie du sphincter anal : indiquée dans les incontinences anales ou le sphincter est intact mais il y’a une détérioration nerveuse du plancher pelvien ( incontinence neurogéne), les résultats de cette opération sont discutables

–         substitutions sphinctériennes : technique complexe indiquée en cas d’échec des autres techniques

–         les stomies digestives en cas d’incontinence anale handicapante

–         sphincter artificiel

 Docteur Abdelmajid Mselmi, chirurgien, professeur agrégé

 Sousse (Tunisie)

 dr.mselmi@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *